Diplômée de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne (IFM), Marie Prevot, jeune créatrice de seulement 23 ans, se lance sur les traces de Karl Lagarfeld. Après son bac scientifique, l’art s’est imposé comme précepte dans sa vie. Une mise à niveau en Arts Appliqués à Marseille et un Bachelor of Arts in Fashion Design obtenu plus tard, son parcours devient une inspiration.
D’où vient ton envie pour la création de vêtements ?
J’ai toujours prêté beaucoup d’attention aux vêtements, aux détails et finitions en passant par des pièces vintages ou bien des produits actuels en magasin.
Comment décrirais-tu ton style en 3 mots ?
Épuré, tranchant et élégant.
Quelle est ta vision de la mode ?
Ma vision n’est pas si différente de la vision que je porte sur les objets du quotidien car la mode est mon quotidien ! Je ne l’idéalise pas, ni l’idolâtre. Je la vois et je la regarde. Parmi les défilés auxquels tu as assisté, quel est celui qui t’a le plus marqué ? Je pense que le plus fort a été celui de Yohji Yamamoto PE 19/20, il fait partie des pionniers. Je le respecte énormément ! Tous ses défilés sont travaillés d’une manière pointilleuse… Et celui-ci j’ai eu la chance d’y assister ! Tout est dans le détail, les volumes, les matières, le message politique qu’il fait passer dans sa collection, les coupes de cheveux, le maquillage et la musique. C’est vraiment prenant.
Quel a été le point de départ de ta collection ?
Mon grand-père, artiste peintre né à Kenitra au Maroc en 1939. C’est de cette figure familiale que la collection ISRA a vu le jour. Le point de départ a été les objets lui appartenant. La technicité de ces derniers a été transcrit au travers des pièces de la collection. Un véritable voyage temporel au
travers des époques et des lieux. Le but étant d’estomper les frontières entre accessoires et habillement. La chemise aux motifs fleuris est la pièce emblématique de cette collection puisque son imprimé reprend la fleur qui figurait sur une de ses chemises favorites ainsi que sur toutes les toiles qu’il peignait. Coutures et matières sont en lien constant, rien n’est laissé au hasard. Les découpes se suivent de modèles en modèles, les courbes s’accentuent et s’atténuent à la fois, laissant place à la vie.
travers des époques et des lieux. Le but étant d’estomper les frontières entre accessoires et habillement. La chemise aux motifs fleuris est la pièce emblématique de cette collection puisque son imprimé reprend la fleur qui figurait sur une de ses chemises favorites ainsi que sur toutes les toiles qu’il peignait. Coutures et matières sont en lien constant, rien n’est laissé au hasard. Les découpes se suivent de modèles en modèles, les courbes s’accentuent et s’atténuent à la fois, laissant place à la vie.
Tes sources d’inspiration ?
Une influence particulière par le minimalisme des années 90, et particulièrement par le travail de Miuccia Prada, Raf Simons, Jil Sander. Avant de découvrir le travail de ces derniers, j’ai été fortement inspirée par les créateurs japonais tels que Issey Miyake, Yohji Yamamoto et Rei Kawakubo. Ils ont été mes premières inspirations. D’une part fascinée par leur culture et d’autre part par leur travail remarquable. Dans quelles maisons as-tu effectué tes stages pendant ta formation à l’IFM ? Ontils eu une influence sur ton travail ? À la fin de ma deuxième année, j’ai effectué mon premier stage chez Coperni qui a duré 5 mois. Actuellement, je suis chez Kenzo ! Si mes stages ont certainement influencé ma manière de voir et comprendre l’organisation d’une jeune marque, ils ne m’ont pas influencé au niveau de la création qui résulte d’un cheminement personnel.
A quelle période as-tu commencé à travailler sur ta première collection ?
Mes premières recherches ont été faites en février ! J’ai commencé par chercher chez mes grands parents tous les objets/vêtements auxquels mon grand-père tenait particulièrement et j’ai monté l’histoire. J’ai d’abord fait des photos de nature mortes avec ceux-ci, puis mes recherches ont continué en bibliothèque en fouinant dans des vieux magazines de coiffeurs, ou même des cartes postales du Maroc d’époque.
Le premier confinement a-t-il était un moment déterminant pour ta collection ?
Bien sûr, j’ai réalisé pratiquement la moitié de mes toiles durant le confinement. Seule, sans aide des professeurs car l’école était fermée…
Comment définis-tu le style ISRA ?
ISRA représente la modernité d’aujourd’hui, soucieux du détail. Je place vraiment la marque comme du prêt-à-porter de luxe, grâce aux matières et finitions qui sont très réfléchies. Je préfère avoir de la qualité à la quantité, une matière noble, avec une pièce qui peut mettre des heures à être montée.
Qu’est ce qui la différencie des autres marques ?
Elle n’est peut-être pas si différente des autres. ISRA c’est une partie de moi, très personnelle, qui s’est forgée au travers des influences picturales, iconographiques et les gens qui m’ont inspiré.
Quelle est ton point de vue sur la transformation digitale et durable de l’industrie de la mode ?
A double tranchant. De mon point de vue, je ne peux pas acheter une pièce avant de l’avoir vu en vrai, de l’avoir touché et examinée. Un vrai travail au corps ! Les présentations peuvent très bien être digitalisées mais je pense qu’il est indispensable d’organiser des showrooms physiques pour les acheteurs. D’un point de vue durable, cela ne peut avoir que du bon pour la production. Produire moins mais mieux. Produire localement serait également un plus.
Si tu devais choisir entre faire un défilé digitalisé et en présentiel, quel serait ton choix ?
Un défilé en présentiel est forcément obligatoire pour les marques émergentes à un moment donné. Cependant, je suis pour un défilé digitalisé avec des invités spéciaux. Comme ce qui se fait pour la plupart à ce jour. Et si je devais me poser la question « Pourquoi un défilé » ? L’image, la photo, les showrooms sont tellement plus parleur. Voir, toucher: un essentiel pour moi.
By_ Clara Chosson
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