Azzedine Alaïa, géant de la haute couture d’origine franco-tunisienne, nous quittait en novembre 2017, à l’âge de 77 ans. À l’occasion d’un voyage en Tunisie, notre reporter s’est rendue à une exposition lui rendant hommage à Sidi Bou Saïd (quartier de Tunis, Tunisie) dans sa villa baptisée « Dar Alaïa ». Elle a été initié par l’association « Azzedine Alaïa », fondée par Christoph Von Weye, son compagnon, et Montassar Alaïa, neveu du couturier.
Retour sur un créateur qui enchanta la mode, les arts et les femmes, à travers cette exposition :
Parcours et particularités
À la fin des années 1950, Paris accueille le jeune Tunisien après des études à l’Institut supérieur des beaux-arts de Tunis. Il passe un temps éclair dans le studio de Dior aux cotés d’Yves Saint Laurent, puis fait ses classes chez Guy Laroche et Thierry Mugler. Après s’être constitué une clientèle privée dans son petit atelier, il décide de lancer sa propre Maison de haute couture.
Il présente sa première collection éponyme en 1981 dans son fief au Marais, qui remporta immédiatement un franc succès car il participa à l’élaboration d’une nouvelle image de la féminité, après des années de looks unisexes et oversizes. En effet, il souhaitait apporter du mouvement et de la légèreté aux femmes qu’il habillait. Par exemple, la robe signature d’Azzedine, la mini robe en corolle, comme l’une des robes photographiées ci-dessous, accompagnait le corps et laissait libre cours aux mouvements des femmes :
Azzedine Alaïa, collection Été 1986 – Robe en taffetas de soie, 1983
Motif imprimé de Christoph von Weyhe
Cette robe est représentative du travail de création et de confection d’Azzedine : ses robes se sont toujours démarquées par leur simplicité, même si elles demandaient beaucoup de travail. Le noir et les couleurs les plus sobres – ici, du taupe, du noir et du blanc – dominaient ses collections. Il aimait les confectionner à partir de matières qui épousent naturellement les courbes du corps, tels que le jersey et la maille, mais également avec des matières plus atypiques, comme le cuir travaillé.
Dans la villa du couturier
L’exposition est une évocation de l’artiste au travers de ses œuvres et du lieu qu’il a habité pendant de nombreuses années. En effet, elle s’étend sur les étages de la maison de vacances d’Azzedine à Sidi Bou Saïd, quartier huppé de la capitale tunisienne. Le couturier, qui a été enterré dans son pays natal, a toujours gardé des liens étroits avec son pays d’origine. Organiser ce premier hommage depuis sa disparition était ainsi une évidence pour la famille et le compagnon de ce fils d’agriculteur tunisien dont le travail était un hommage à sa culture et qui soutenait qu’il ne faut jamais oublier d’où l’on vient.
La vue de la villa « Dar Alaïa »: une nature luxuriante et généreuse, tout comme ses créations
Ce tribut met en lumière des éléments de la vie du créateur, ainsi que quelques unes de ses robes. Il fait également transparaître son amour pour l’art, lui qui a été pendant cinquante ans un collectionneur et galeriste passionné par tous les domaines de la culture. En 2007, il décide de protéger son œuvre et sa collection d’art en fondant l’association Azzedine Alaïa, conjointement avec son compagnon et l’éditrice Carla Sozzani, son amie depuis plus de quarante ans. Elle est appelée à devenir prochainement la Fondation Azzedine Alaïa, qui abritera à Paris tous les trésors de la Maison et de son créateur.
Christoph von Weyhe fait parti intégrante de l’exposition. Il a fait la rencontre du couturier en 1959, qu’il ne quittera plus, chez la comtesse de Blégiers. Il se rendra pour la première fois à Sidi Bou Saïd dans les années soixante où il dessine le logo qui deviendra l’étiquette de la première collection Alaïa en 1981. Il y réalise également deux dessins de motifs qui seront utilisés par Monsieur Alaïa pour des robes imprimées.
Peintre depuis toujours, il a fait du port de Hambourg, le lieu où il a grandi, et de son conjoint ses principaux sujets de peinture :

Deux oeuvres de Christoph von Weyhe: à gauche, une peinture sur toile: Fenêtre sur le port, 2017. À droite, une aquarelle : Azzedine dans un train de Paris à Hambourg, 1973.
                  En bref, bien plus que des œuvres, il s’agit d’une véritable immersion dans ce qu’était le quotidien d’Azzedine. Sa passion : l’art; sa raison de vivre : la mode; son compagnon : Monsieur von Weyhe; et ses inspirations : françaises et tunisiennes.
Si vous passez par Tunis et que vous êtes admiratif de son travail, cette immersion dans ce qu’était son quotidien ne vous laissera pas de marbre:
« Dar Alaïa »
12 Rue John Kennedy
2026 Sidi Bou Saïd
TUNISIE
Enfin, Londres mettra à l’honneur le créateur dès le mois de mai prochain, avec près de 60 pièces coutures exposées et choisies par Azzedine lui-même :
« Azzedine Alaïa, the Couturier »
Design Museum de Londres
224-238 Kensington
London W8 6AG
ROYAUME-UNI
_By Lila Gavignon.
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