Grande absente des défilés depuis bientôt 2 ans, Lanvin fait son retour pour la Fashion Week de Paris. En effet, la plus ancienne maison de couture en activité avait déserté les podiums faute de direction artistique. Cependant, la situation a évolué, et les six lettres de Lanvin se sont à nouveau écrites dans le programme de la Fashion Week, masculine cette fois-ci.
Un renouveau pour la marque ?
Ce retour tant attendu sur les podiums marque un tournant pour Lanvin, qui a traversé une période marquée par des défis importants. Entre des changements successifs à la direction artistique et une identité de marque fragilisée, la maison de couture a peu à peu perdu de sa splendeur. Alber Elbaz, Olivier Lapidus ou encore Bruno Sialelli, en voici quelques-uns des précédents directeurs artistiques de la marque. Pourtant, malgré leurs efforts, la maison de couture a eu de plus en plus de mal à retrouver son éclat d’antan. À chaque transition, la tâche de redresser l’image de la marque devenait de plus en plus complexe. Après le départ de Bruno Sialelli, la situation s’est encore détériorée, laissant Lanvin sans cap artistique clair, voire sans productions mémorables.
Plusieurs facteurs expliquent cette descente aux enfers : des erreurs dans la ligne éditoriale qui ont brouillé l’identité de la maison, des conflits internes entre actionnaires, et une incapacité à construire une image forte et cohérente sur le marché ultra-compétitif du luxe. Pour tenter de remédier à ces problèmes, la stratégie adoptée un temps consistait à miser sur la maroquinerie et les accessoires, avec la nomination d’une direction artistique spécialisée dans ce segment.
Malheureusement, il s’agit ici d’une stratégie qui n’a pas porté ses fruits. Au premier semestre 2024 la maison, a vu son chiffre d’affaires reculer de 15,7% passant à 48 millions d'euros, contre 57 millions d'euros un an plus tôt en 2023. Cette tendance à la baisse s’est aggravée au premier semestre 2024, touchant Lanvin Group dans son ensemble (propriétaire également de Wolford, Sergio Rossi, St. John Knits et Caruso), qui a enregistré une chute significative, avec des ventes en recul de 20%, pour atteindre 171 millions d'euros selon le groupe.
Un nouveau directeur artistique ?
Après des années difficiles et des stratégies infructueuses, la maison semble aujourd’hui avoir trouvé un cap clair. En effet, depuis le départ de Bruno Sialelli survenu après son dernier défilé en mars, qui dirigeait la marque depuis janvier 2019, Lanvin s’est engagée dans une profonde réflexion stratégique. Après avoir traversé plusieurs années de turbulence, marquées par le limogeage de l’emblématique Alber Elbaz en 2015, la maison a choisi de prendre le temps nécessaire pour redéfinir son avenir. Sur près de deux ans, elle a mené une réorganisation complète, restructurant son offre et adoptant un positionnement axé sur un style plus raffiné, sophistiqué et typiquement français, appuyé par une série de campagnes de communication soigneusement effectuées.
C’est à partir de 2024 que Lanvin amorce véritablement son renouveau, notamment avec la nomination de Peter Copping à sa direction artistique en juin avec une prise de fonction effective en septembre. Ce designer britannique de 57 ans apporte une expérience acquise au sein de maisons prestigieuses telles que Louis Vuitton, Christian Lacroix et Nina Ricci, où il a déjà démontré son talent et sa vision. En poste depuis septembre, la nomination de Copping a incarné la promesse d’une nouvelle ère pour Lanvin, marquant ainsi un tournant décisif dans son histoire.
Le retour à la Fashion week: top ou flop ?
“Un retour aux valeurs intemporelles d'élégance et de savoir-faire, ainsi qu'au style distinct et à l'esprit unique de Jeanne Lanvin » ce sont les mots de Peter Copping pour décrire son premier défilé pour Lanvin, qui clôturait la Fashion Week Homme de Paris 2025. Pour le retour de la marque, Peter Copping revient aux fondamentaux du style de Jeanne Lanvin. Au total, 64 looks ont été dévoilés, initiant ainsi la vision du designer britannique pour Lanvin. Pour ses débuts, celui-ci s’est consacré à réinterpréter les éléments de style qui ont contribué à l'impact que Jeanne Lanvin et sa maison ont sur la mode en y apportant une approche moderne.
Pour l’homme, la garde-robe est restée plutôt classique, voire prudente avec des pièces plutôt bien taillées avec une prédominance des manteaux à chevrons. On y retrouve une gamme chromatique plutôt sobre avec notamment du noir, du gris et du bleu marine même si parfois on peut apercevoir des motif léopards. Les silhouettes restent simples, minimalistes et maîtrisées avec une importance accordées aux pantalons à coupes droites. Toutefois, cette collection peine à se démarquer. En effet,on y distingue ni innovation ni audace notable. Cependant, certaines silhouettes se démarquent par leur élégance maîtrisée et leur souci du détail. Voici notre sélection des looks les plus marquants de la collection masculine.
En parallèle, pour la femme les tenues oscillent entre praticité et glamour. Les silhouettes sont plutôt fuselées et longilignes, mettant en valeur le travail du drapé par exemple. Les manteaux en laine épaisse, longs et enveloppant apportent aussi une sorte de sophistication à certaines tenues. Enfin le bleu emblématique de la maison Lanvin revient ici par des touches plutôt subtiles, que l'on aperçoit sur des robes ou jupes fluides ou bien des pulls en maille. Certaines pièces illustrent particulièrement bien cet équilibre entre sophistication et modernité recherché par Peter Copping, en voici quelques-unes qui nous ont marquées.
Ainsi, la première collection de Peter Copping a correctement rendu hommage à l’esthétique de Jeanne Lanvin. La sophistication des coupes et la finesse des drapés sont réussies. Toutefois la ligne masculine n’est pas très mémorable par manque d’originalité. Ce défilé Lanvin apparait donc comme un véritable retour basé quand même sur une certaine simplicité qui plaira à une clientèle plutôt minimaliste et intemporelle.
En mélangeant l'héritage de Jeanne Lanvin avec une touche moderne, le créateur amorce une nouvelle phase pour la maison. L'élégance et la sophistication sont certes présentes, mais la collection, surtout la ligne masculine, reste plutôt prudente, ce qui suggère que le positionnement de la marque tant en termes d’image que de clientèle est encore en développement.
Par Jean-Louis Psimhis
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