Cette semaine s’est déroulée la Fashion Week Printemps-Été 2019 de Paris, après celles de New York, Londres, puis Milan. À Paris, capitale de mode, la semaine de la mode a un statut particulier puisque c’est la seule ville accueillant, en plus des habituels défilés de prêt-à-porter, des défilés de « Haute Couture ».
Quelle est la différence entre prêt-à-porter et Haute Couture ? En quoi celle-ci est-elle un domaine aussi unique que privilégié au sein du monde de la mode ? C’est ce que l’on vous propose de découvrir dans cet article.
Née en France, l’appellation « Haute Couture » a été créée en 1945. Elle permet de distinguer les créations « couture » des collections « prêt-à-porter » destinées à la commercialisation.
Protégée par la loi et accordée par décision du ministre de l’industrie, le label « Haute Couture » ne s’acquiert qu’à condition de remplir certains pré-requis, dont les suivants :
Les créations doivent être réalisées à la main, dans des ateliers de la maison de couture composés de vingt personnes minimum.
Les maisons de Haute Couture doivent défiler deux fois par an et proposer au minimum vingt-cinq modèles à chaque passage.
Elles doivent être inscrites dans le calendrier officiel des collections couture depuis au moins quatre ans et être parrainées par une autre maison.
En effet, la Haute Couture est un véritable symbole du luxe à la Française et son exercice suppose un travail extrêmement minutieux, fastidieux, hérité d’un savoir-faire ancestral que chaque maison cultive.
De ce fait, c’est une activité qui coûte énormément d’argent à ces maisons ; comme l’indiquait Jean-Jacques Picart, co-fondateur de la maison Christian Lacroix (dont l’activité Haute Couture a cessé en 2009),
« Aucune haute couture n’est rentable. Dans le meilleur des cas, on arrive à l’équilibre sur certaines saisons ».
En effet, le prix des modèles Haute Couture atteint facilement la centaine de milliers d’euros, ce qui réduit considérablement la clientèle potentielle. Alors qu’il existait 106 maisons de haute couture en 1946, elles ne sont aujourd’hui plus que 16.
Il s’agit-là des maisons possédant un statut de membre permanent ; mais on compte également les membres « correspondants » (maisons étrangères) et les membres « invités » (jeunes créateurs disposant du terme « couture » et non de l’appellation protégée « Haute Couture »). On peut ajouter à ces catégories établies par la Fédération de la Haute Couture, le calendrier « Off » de la Fashion Week, où figurent en parallèle d’autres maisons de « couture », ce qui leur permet de bénéficier de l’exposition des grands couturiers, et peut-être, à terme, de devenir « membres invités ».
Cette année, l’un des événements marquants de la Paris Fashion Week fut le retour de Balmain, parmi les « membres invités » du calendrier Haute Couture de Janvier 2019. Après dix-sept ans d’absence, la maison revient dans le monde de la Haute Couture sous la direction artistique d’Olivier Rousteing, comme le raconte cet article de Vogue.
Toutes ces maisons exposent leurs créations lors de la Paris Fashion Week, faisant de celle-ci la plus prestigieuse parmi les « Big Four » (avec New York, Londres, et Milan).
Vous pourrez voir sur ce site la liste complète des maisons défilant au calendrier Haute Couture de Janvier 2019, selon leur catégorie.
Des pièces d’exception :
Robe pantalon signée Chanel, en organza brodé de galons argentés « effet miroirs cassés », de bijoux cristal et de feuilles d’argent découpées puis appliquées à l’aiguille a nécessité 12 200 pierres, cristaux et perles, ainsi que 1000 heures de travail.
Robe de mariée Elie Saab dont la longueur de la traîne est de 3 mètres et a nécessité 75 mètres de tulle. Pour la confectionner, 18 brodeuses et couturiers ont travaillé dur.
En tant que véritables œuvres d’art, les pièces de Haute Couture ne sont pas nécessairement destinées à être portées par vous et moi ;
Selon les mots de Christian Lacroix, »la Haute Couture doit être insensée, drôle, et presque importable ».
Le savoir-faire qu’elles nécessitent est transmis par des artisans d’excellence tels que les ateliers de Broderie Lesage, ou encore le plumassier Lemarié.
Cette inaccessibilité participe aussi au prestige de la Haute Couture, qui se veut avant tout, d’être la pure expression du génie artistique des couturiers.
Donatella Versace disait à ce propos : « lorsque je fais de la Haute couture, il n’y a aucune barrière, aucune limite, […], je peux travailler en totale liberté, puisqu’il n’y a aucune contrainte ».
Mais en tant qu’entreprises à succès, comment expliquer que les maisons maintiennent leurs activités de Haute Couture si celles-ci ne sont pas rentables ?
Simplement parce que la Haute Couture, à défaut de se vendre elle-même, permet de vendre du rêve. En effet, malgré son caractère sélect et exclusif, elle continue de fasciner le plus grand nombre, et sert ainsi de vitrine pour diffuser l’image de marque des maisons, qui en bénéficient donc pour vendre leurs autres produits, qu’il s’agisse de prêt-à-porter, d’accessoires ou de parfums.
Bernard Arnaud, patron de LVMH, le dit lui-même lorsqu’il est interrogé par le Telegraph :  » La Haute Couture est au cœur même de la définition du luxe. L’argent qu’on y perd, on le retrouve finalement dans l’image de marque que nous confère la Couture. »
De plus, la Haute Couture est aussi un secteur à part entière qui recrute des nombreux artisans et son maintien permet à ces personnes de survivre financièrement, mais également de faire survivre le patrimoine culturel que représente la Haute Couture en France.
_By Fatou & Noa (Membre d’AVG)
Paris, France
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