Que ce soit dans le cadre de défilés haute couture ou dans des enseignes de prêt-à-porter,
la fourrure fait fureur : le monde du luxe comme celui du « fast fashion » ne s’en lassent pas et nous proposent, à chaque nouvelle saison, des vêtements faits de cette matière. Il y
en a pour tous les goûts, de quoi satisfaire les plus minimalistes avec des couleurs sobres mais aussi les plus extravagants, avec des motifs toujours plus créatifs, comme ce manteau de fourrure motif « patchwork » signé Roberto Cavalli.
Si la présence de la fourrure dans le mode vestimentaire de l’Homme résiste à l’épreuve du temps voire dépasse les frontières territoriales, la perception de celle-ci tend néanmoins à changer depuis plusieurs décennies, et ce en raison de préoccupations éthiques et environnementales plus prononcées et médiatisées.
Retour sur l’histoire de la fourrure : d’un moyen de protection à un objet d’ostentation
Le port de la fourrure est une pratique qui remonte aux premiers hommes, mais son usage était purement utilitaire, ils se servaient de peaux d’animaux qu’ils avaient chassés puis mangés pour se protéger du froid, comme moyen de subsistance. C’est au Moyen-Âge que la fourrure commence à faire l’objet d’un commerce important, et selon sa provenance, sa composition et son aspect visuel, elle implique une identification sociale, la définition d’une appartenance à une certaine catégorie, autant pour les femmes que pour les hommes. Ainsi, la fourrure devient un objet luxueux permettant d’affirmer son statut, c’est un symbole de richesse utilisé par la noblesse pour se distinguer. La découverte de colorants naturels permet sa diffusion en Europe : les cols, les capes et autres accessoires, principalement possédés par la royauté, en sont tous composés. Cette vision de la fourrure se poursuit pendant la Renaissance, et l’on se met, sous l’influence de la mode italienne, à orner celle-ci. Bien qu’aujourd’hui encore, dans certaines régions du monde, la fourrure est utilisée pour la fonction première qui lui a été octroyée par l’homme, c’est surtout pour sa dimension luxueuse et esthétique que cette matière a un succès sur le marché.
Désormais, il est même possible de trouver des vêtements en fourrure à prix attractifs dans les enseignes qui revendiquent un positionnement premium comme &Other Stories ou encore les plus accessibles comme Zara et H&M. Mais alors que la fourrure est génératrice de recettes non négligeables, il est tout de même pertinent de se poser la question de son futur dans le monde de la mode.
C’est dans les années 1960 que l’exploitation d’animaux dans le but de produire un vêtement ou un accessoire de mode commence à être posé comme un problème éthique puis environnemental, notamment avec les campagnes anti-fourrure de Brigitte Bardot et de sa fondation dédiée à la protection des animaux, créée en 1986.
D’après un sondage Ifop, la majorité des Français interrogés début 2019 disent être opposés au commerce de la fourrure. De même, de plus en plus de créateurs prennent position sur le sujet et renoncent à l’usage de la fourrure animale. C’est par exemple le cas de Donatella Versace, qui affirme « C’est notre responsabilité de protéger l’environnement et l’écosystème. On possède aujourd’hui la technologie pour développer de nouvelles fibres, qui peuvent se substituer aux peaux animales et qui ont les mêmes standards de qualité ».

Post Instagram, @donatella_versace
Burberry, Chanel, Gucci, Giorgio Armani, parmi d’autres, assurent avoir pris cette même décision au cours des dernières années. Mais alors, que dénoncent ces consommateurs et ces designers opposés à l’exploitation de fourrure animale ? Principalement la cruauté animale et la mise en danger de certaines espèces qu’elle implique. Renards, lapins, visons, lynx, et de nombreuses autres espèces sont élevées exclusivement dans le but d’en extraire la fourrure et d’en faire des vêtements, et les conditions de ces élevages sont vivement critiquées : des abattages, électrocutions, gazages, tant de pratiques combattues par des associations comme PETA, Fur free Alliance mais également les consommateurs eux-mêmes. « J’en suis arrivé au point où je ne peux plus faire comme si je ne savais pas », affirme par exemple Olivier Rousteing, à la tête de la direction artistique de la maison Balmain. Le droit s’est lui-même emparé de la question, avec un projet de loi qui devrait entrer en vigueur en 2023 en Californie et qui interdit la vente de vêtements, chaussures et accessoires contenant de la véritable fourrure.
Malgré l’existence de ces contestations, une demande soutenue pour des biens faits de fourrure est encore adressée aux enseignes de mode. Alors, quelles sont les solutions et alternatives ?
La fausse fourrure comme nouvelle norme dans les rues et sur les podiums 
De nouvelles technologies plus responsables permettent de développer à partir de fibres naturelles telles que le bambou la production d’une fausse fourrure, tout aussi esthétique visuellement parlant et douce au toucher que la vraie. Ecopel, leader du marché de la fausse fourrure, fabrique celle-ci à partir de la fibre modacrylique pour de nombreuses enseignes ayant mis fin à l’usage de fourrure animale. Autre alternative : la fourrure « vegan », faite par exemple à partir de polyester. Finalement, que ce soit dans le luxe, le haut de gamme ou le prêt-à-porter, beaucoup de marques proposent aujourd’hui des vêtements en fausse fourrure, qui limitent l’impact sur l’écosystème et l’environnement tout en préservant l’aspect esthétique recherché par les adeptes de mode. Et vous, pour quelle alternative opterez-vous?

  Manteau en fausse fourrure, &Other Stories / Manteau en fourrure synthétique,
Stella McCartney 
_By Amina

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